Des temples de prières pour chrétiens, est-ce biblique?

Il n’est fait mention nulle part dans le Nouveau Testament que les disciples du Seigneur ont acheté des terrains et construit des bâtiments pour en faire des églises. Ils se réunissaient dans la simplicité, de maison en maison, comme le montrent les versets ci-après:

Romains 16:5 : «Saluez aussi l’Église qui est dans leur maison. Saluez Épaïnète, mon bien-aimé, qui a été pour Christ les prémices de l’Asie».
1 Corinthiens 16:19 : «Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l’Église qui est dans leur maison, vous saluent beaucoup dans le Seigneur».
Colossiens 4:15 : «Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphas, et l’Église qui est dans sa maison».
Philémon 1:2 : «À la soeur Apphia, à Archippe, notre compagnon de combat, et à l’Église qui est dans ta maison».

Ceux qui ont la démangeaison de raisonner ou d’argumenter contre Dieu et Sa Parole, et surtout qui veulent à tout prix s’accrocher aux vaines choses que leurs mains bâtissent ou accomplissent, se hasardent à objecter que Paul a enseigné pendant deux ans «dans l’école d’un nommé Tyrannus» d’Éphèse (Actes 19:9-10) qui peut être assimilée à une «église-bâtiment» ou que Pierre, Jean, Paul allaient au temple et dans les synagogues.

De tels arguments, avancés malicieusement et reflétant le manque d’amour pour la Vérité, ou même avancés de bonne foi, s’écroulent comme un château de cartes, à la lumière des Saintes Écritures.

Tout d’abord, dans toute l’histoire du peuple juif de plusieurs milliers d’années, un seul temple a été construit, à Jérusalem, par le roi Salomon, le fils du roi David. Au temps de Jésus sur terre cet endroit a même été transformé en une caverne de brigands et de trafiquants que le Seigneur chassa avec un fouet. Cet temple n’existe plus d’ailleurs aujourd’hui, car une mosquée a été érigée en lieu et place.

Aucun disciple du Seigneur n’a eu en idée de construire un temple, car ils comprenaient parfaitement que Jésus était venu rendre disponible par Sa mort et Sa résurrection un plus excellent temple (Jean 2:19-21 : «Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras! Mais il parlait du temple de son corps»). Ils comprenaient aussi bien plus que nous formons nous-mêmes ce temple individuellement et collectivement en temps que corps de Christ (1 Corinthiens 3:16-17 : «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes»; 1 Corinthiens 6:19-20 : «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes?»; 2 Corinthiens 6:16 : «Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple».)

Par ailleurs, les disciples n’allaient pas au temple ou dans les synagogues pour s’associer avec les adeptes du judaïsme, sinon les chefs du temple et des synagogues ne les auraient pas persécutés en les jetant en prison ou en les fouettant comme le montrent ces quelques passages:

Actes 4:1-4 : «Tandis que Pierre et Jean parlaient au peuple, survinrent les sacrificateurs, le commandant du temple, et les sadducéens, mécontents de ce qu’ils enseignaient le peuple, et annonçaient en la personne de Jésus la résurrection des morts. Ils mirent les mains sur eux, et ils les jetèrent en prison jusqu’au lendemain; car c’était déjà le soir. Cependant, beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s’éleva à environ cinq mille. Le lendemain, les chefs du peuple, les anciens et les scribes, s’assemblèrent à Jérusalem, avec Anne, le souverain sacrificateur, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de la race des principaux sacrificateurs. Ils firent placer au milieu d’eux Pierre et Jean, et leur demandèrent: Par quel pouvoir, ou au nom de qui avez-vous fait cela?»
Actes 9:1-2 : «Cependant Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des partisans de la nouvelle doctrine, hommes ou femmes, il les amenât liés à Jérusalem».
Actes 22:19 : «Et je (Paul) dis: Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en Toi…»

Les disciples se rendaient au temple et dans les synagogues uniquement pour faire sortir les juifs du judaïsme et les amener à Christ-Jésus:

Actes 18:4 : «Paul discourait dans la synagogue chaque sabbat, et il PERSUADAIT des Juifs et des Grecs».
Actes 18:8 : «Cependant Crispus, LE CHEF DE LA SYNAGOGUE, CRUT AU SEIGNEUR avec toute sa famille. Et plusieurs Corinthiens, qui avaient entendu Paul, crurent aussi, et furent baptisés».
Actes 19:8 : «Ensuite Paul entra dans la synagogue, où il parla librement. Pendant trois mois, il discourut sur les choses qui concernent le royaume de Dieu, s’efforçant de PERSUADER ceux qui l’écoutaient».

S’agissant de l’«école» de Tyrannus, la Bible ne mentionne pas que Tyrannus était un disciple du Seigneur. Les chercheurs et exégètes eux-mêmes ne s’accordent pas sur l’identité réelle de cet homme. Certains pensent qu’ils était un sophiste grec, professeur de rhétorique ou de philosophie tandis que d’autres supposent qu’il était un médecin ou un rabbin juif, propriétaire d’une «école» (ou mieux d’un auditorium) qu’il louait à des orateurs.

Pour notre part, nous ne nous fions qu’à ce qui est écrit dans la Bible.

Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une église, mais d’une «école». L’église n’est pas un édifice ou un endroit, mais bien plutôt l’assemblée des disciples de Christ. Si l’église était un bâtiment, Paul n’aura pas écrit en 1 Corinthiens 16:19 «Les Églises d’Asie vous saluent», ni Pierre, en 1 Pierre 5:13 «l’Église des élus qui est à Babylone vous salue». Comment une bâtisse peut saluer quelqu’un?

En analysant ce mot «école», tel qu’il apparaît dans le texte grec original du Nouveau Testament, on réalise qu’il ne s’agissait nullement de l’école tel qu’on l’entend de nos jours. Le mot grec pour «école» dans ce texte est «σχολή», mot féminin dont la translittération est «scholè» et la prononciation phonétique «skhol-ay’». Ainsi il signifie, non pas une école au sens contemporain du terme comme nos universités actuelles, mais d’un lieu de loisirs ou de passe-temps ou les éphésiens allaient, généralement après le travail ou durant les jours fériés, assister à des joutes oratoires, les discoureurs rivalisant d’adresse sur des questions philosophiques diverses, devant des spectateurs émerveillés. C’est pareillement le cas à l’Aréopage à Athènes en Actes chapitre 17 où quelques philosophes épicuriens et stoïciens menèrent Paul pour discourir avec lui. Il est dit au verset 21 de ce chapitre que «tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter des nouvelles». Ainsi, l’Aréopage était une sorte de Facebook ou de Twitter de l’antiquité. Tout comme Actes 19:9 mentionne Tyrannus et son «école», Actes 17:34 parle de Denys l’aréopagite (qui d’ailleurs crut au Seigneur en entendant le discours de Paul).

Le concept d«école» dans l’antiquité était différent de ce qu’on appelle école de nos jours. Les «écoles» étaient des «temples de philosophie» ou encore «temples du savoir». Chaque courant philosophique avait son «école» (ou temple). C’étaient aussi des lieux où les philosophes de divers courants venaient se mesurer intellectuellement (et même spirituellement), à travers de véritables joutes oratoires. Nous avons par exemple une école appelée «LE TEMPLE DE DELPHESLE», dédiée au dieu grec Apollon. Les ruines de ce temple montrent le célèbre «CONNAIS-TOI, TOI-MEME» du philosophe Socrate inscrit son fronton.

Nous concluons donc que l’«école» de Tyrannus n’était pas une église, mais bien plutôt un endroit vraisemblablement pour les passe-temps, les loisirs et les joutes oratoires, entres autres, endroit que Paul se trouva contraint à utiliser, à cause de l’hostilité à laquelle il avait été confronté dans la synagogue et surtout à cause de la nécessité et l’urgence de séparer les vrais disciples des fauteurs de trouble.